Etude de cas

 

"Victoria est une femme australienne de 35 ans. C’est une biologiste marine qui travaille au Venezuela depuis maintenant 10 ans. Ses recherches portent sur de nouvelles espèces marines présentes dans les eaux d’un petit archipel Vénézuélien.  

 

Elle a effectué sa première plongée à 12 ans dans une piscine de 3 mètres. Elle plonge aujourd’hui à des profondeurs de 40 à 50 mètres quotidiennement, avec une  profondeur maximale atteinte de 65 mètres. Elle plonge principalement l’après-midi pour  explorer les fonds marins et s’entraîne le matin dans un centre de plongée régulièrement. Il y a deux mois, elle prend du retard le matin avant d’effectuer sa plongée de l’après-midi. Elle décide de manger rapidement et achète un sandwich et un coca-cola dans un magasin sur la route du port. Elle mange rapidement sur le bâteau tout en préparant et vérifiant son matériel. Elle atteint la zone de plongée, s’équipe, puis plonge pour explorer les fonds marins.

 

A la descente, Victoria ressent des douleurs au ventre mais ne s’en soucie pas trop pensant qu’il s’agit du repas qu’elle a absorbé rapidement. Elle atteint une profondeur de 46 mètres et cherche une espèce de poissons très rare pendant environ 45 minutes. Elle remonte ensuite très lentement, respectant les paliers de décompression. Alors qu’elle  atteint la profondeur de 20 mètres, le deuxième palier, elle ressent à nouveau des douleurs au ventre, cette fois-ci beaucoup plus fortes, et  souffre soudainement de difficultés respiratoires."  

 

De quoi Victoria souffre-t-elle? Que s’est-t-il passé ? Qu’est ce qui a engendré ces douleurs?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Explication du barotraumatisme

 

Ce type de barotraumatisme ne survient que lors de la remontée d’une plongée. C’est un accident qui se produit rarement au cours d’une plongée de loisir. La probabilité est plus importante pour les plongeurs professionnels qui effectuent de longues plongées à des profondeurs importantes.

 

Deux types d’incidents peuvent se produire. Les différents gaz présents dans le corps, qu’ils proviennent de la fermentation intestinale ou de l’air ingéré durant la plongée, peuvent être emprisonnés dans des cavités. Ces cavités se localisent principalement dans l’estomac, dans les intestins – colons et intestins grêles, mais aussi dans l’œsophage et le duodénum.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lors de la descente, la pression au niveau des intestins reste égale à celle de la surface. Si une cavité est bloquée pour une raison quelconque, la pression ne peut pas s’équilibrer. En conséquence, à la remontée, ces gaz fortement comprimés à des profondeurs importantes vont se détendre et produire une rapide dilatation des organes, ce qui engendre des douleurs principalement.

 

Le phénomène est aggravé par l’ingestion d’aliments ou de liquides qui sont des générateurs de gaz lors de la digestion. Ce type de barotraumatisme est similaire au barotraumatisme de surpression des poumons. Lors de la descente, le gaz s’accumule dans l’estomac et les intestins, le volume diminue et la pression augmente fortement. A la remontée, les gaz se détendent rapidement et le volume des organes également.

 

Comme tout organe, l’estomac et les intestins ont une limite d’expansion. Si cette limite est dépassée, les tissus peuvent aller jusqu'à se déchirer.

 

Dans le cas de Victoria, sa plongée s’est effectuée sur une longue période et a grande profondeur. Elle a bu rapidement un coca-cola, une boisson très gazeuse, peu de temps avant sa plongée. Elle a donc souffert du barotraumatisme décrit ci-dessus, aggrave par l’ingestion d’une boisson gazeuse. A 46 mètres de profondeur, la pression est de 5.6 bars environ, soit prés de 6 fois la pression atmosphérique de 1 bar. Une telle pression augmente le risque de tous les types de barotraumatisme de manière très importante.

 

Même pour les plongeurs expérimentés, toutes les précautions doivent être prises, y compris le type d’alimentation et la nature des boissons ingérées. Le barotraumatisme de Victoria s’est produit au niveau des cavités de l’estomac et des intestins.

 

A la descente, les douleurs ne sont que légères. En revanche à la remontée, les gaz comprimés se sont rapidement détendus et ont provoqué un déchirement partiel des tissus autour des cavités. Le seul remède est tout d’abord de stopper immédiatement la remontée,  ensuite d’essayer d’évacuer l’excédent gazeux. C’est le plus souvent difficile car la pression environnante comprime le bol alimentaire et la combinaison « tout-en-un » du plongeur applique une pression supplémentaire.   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les barotraumatismes au niveau de l’estomac et des intestins sont beaucoup moins fréquents que les barotraumatismes aux poumons, aux oreilles ou aux sinus. Ils sont néanmoins plus fréquents pour les plongeurs expérimentés, voire professionnels, qui plongent à des profondeurs importantes, au-delà de 40 mètres. Dans le cas de précis de Victoria, nous pouvons en conclure qu’elle aurait dû prêter attention à son alimentation en évitant toute boisson gazeuse, et de retarder, reporter ou annuler la plongée prévue cet après-midi la. 

 

 

L'estomac du Dauphin est divisé en trois poches, il n'a pas de vésicule biliaire. 

 

schéma de l’estomac du dauphin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

• La première poche stomacale ou préestomac est un grand et musculeux estomac mécanique qui broie les aliments. 

• La seconde poche est la plus grande, les sucs digestifs commençant à dissoudre la nourriture.

• La dernière poche est la plus petite, c’est la poche pylorique qui part vers l’intestin.