La plongée sous-marine
LA DECOMPRESSION
Etude de cas
« Bonjour tout le monde. Mon nom est Florian, j’ai 17 ans et je suis aujourd’hui heureux d’être vivant après mon accident de plongée l’année dernière.
Nous venions d’arriver aux Maldives pour passer une semaine sur un bateau de plongée. Au programme : 4 plongées de jours et 1 plongée de nuit – le rêve de tous les plongeurs !
Après 12 heures de vol, nous avions hâte de découvrir les magnifiques fonds sous-marins; il y avait même une chance de voir des requins-baleines !
La première plongée du matin nous amène à 30 mètres de profondeur, au niveau d'une épave impressionnante, refuge d'un grand nombre d'espèces de poissons et de tortues. Nous restons 20 minutes à cette profondeur, la limite de temps de plongée à cette profondeur pour une plongée sans décompression.
Après un intervalle de surface d’une heure et demie nous nous lançons dans de nouvelles aventures sous-marines.
Cette fois-ci, nous visitons un site de plongée connu pour ses raies Manta. Nous descendons le long d’une falaise – la flore et la faune sous-marines nous émerveillent. Nous avions prévu de rester à 20 mètres de profondeur pendant une dizaine de minutes et ensuite de remonter lentement pour explorer les crevasses dans les rochers. Nous sommes tout à coup entourés d'un large groupe de raies Manta. Les gueules grandes ouvertes, elles tournent en rond pour happer un maximum de plancton.
Fasciné par ce spectacle, je descends encore pour mieux les voir ; les autres plongeurs commencent à remonter. Il m'est difficile de me séparer des raies, je reste donc encore un peu. Je m'apercois alors que la palanqué est assez loin de moi ; je panique un peu et je remonte assez rapidement à 10 mètres. Je regarde alors mon manomètre et m'apercois que la pression dans ma bouteille n'est plus que de 20 bars. Les autres plongeurs sont déjà à 6 mètres pour effectuer leur arrêt de sécurité. Je continue à remonter et m’arrête à leur niveau. 2 minutes plus tard, ils ont déjà fini leur arrêt de sécurité. Je n’ai quasiment plus d’air dans ma bouteille. Trop fier de le signaler à mon compagnon de plongée, je remonte aussitôt.
Soudain, je commence à perdre le contrôle du côté droit de mon corps. Ni mon oreille, ni mon bras ou ma jambe droite ne répondent plus aux ordres de mon cerveau. Heureusement mon compagnon de plongée me regarde une dernière fois avant de faire surface et je peux lui faire un signe de détresse. Il alerte le guide de plongée et m’aide à remonter sur le bateau. J’essaye d’expliquer ce qui s'est passé, mais j’ai beaucoup de mal à parler.
L’équipe sur le bateau comprend tout de suite que je suis dans un état critique. Ils m’administrent de l’oxygène pur et m’amènent dans une chambre de décompression proche du site de plongée.
Au lieu de passer une semaine inoubliable avec plein de souvenirs de plongée j’ai donc fini dans une chambre hyperbare avec interdiction de plongée. »
Une chambre hyperbare
Cet accident de Florian nous montre que la plongée sous-marine n’est pas seulement un sport qui nous permet de découvrir un monde merveilleux …
Florian rencontre un requin-baleine
… mais qu'elle comporte aussi des risques avec des conséquences potentielles graves pour la santé. Ces risques sont surtout liés au changement de pression en fonction de la profondeur : l’organisme du plongeur est soumis à la pression d’air que le plongeur respire à l’aide d’un détendeur; elle augmente à la descente et diminue à la remontée.
Fonctionnement d'un détendeur
Lors de la plongée, le dauphin subit des pressions particulièrement élevées. La pression atmosphérique et la pression de la colonne d’eau. Cette pression augmente de 1 bar tous les 10 mètres.
Le tableau suivant récapitule les différentes pressions en fonction de la profondeur d'immersion :
On constate que les plus grandes variations de pression absolue ont lieu près de la surface. Ainsi entre la surface et une profondeur de 10 m, la pression absolue double.
Donc il est erroné de croire que les risques sont moins élevés à une profondeur moins importante. D’ailleurs une grande partie des accidents de plongée surviennent entre 0 et 20 metres.
Accidents de plongée au Royaume-Unis en 2013
Pour éviter ces dangers il faut tout d’abord prendre des cours de plongée qui comportent un volet pratique et un volet théorique. C’est lors de ces cours théoriques que le futur plongeur apprend tout sur les contraintes liées à l’immersion dans l’environnement marin: les effets de changement de pression, les paliers de décompression, les tables de décompression, les profils de plongée, l’utilisation de l’équipement de plongée en général et de l’ordinateur en particulier.
Un "palier de décompression", qu'est-ce que c'est?
C'est la durée pendant laquelle une personne doit impérativement rester à une certaine pression, lorsqu'elle a été soumise préalablement à une pression plus élevée, avant d'être ramenée à la pression atmosphérique.
Les paliers de décompression sont indispensables aux plongeurs lorsqu'ils remontent des eaux profondes ou lorsqu’ils restent longtemps à certaines profondeurs, mais également aux personnes soumises à une surpression prolongée. Par exemple, en haute altitude, dans un avion subissant une brusque dépressurisation; ou pour les ouvriers travaillant dans des caissons pressurisés qui les protègent des infiltrations d'eaux lors de la construction de piliers de ponts immergés; ou encore lors du percement de tunnels et de galeries profondes.
Une table de décompression
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Le temps d'entrée dans les tables est le temps qui s'est écoulé entre le début de la descente et le début de la remontée, arrondi à la valeur supérieure d'entrée dans la table.
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La profondeur à prendre en compte est la profondeur maximum atteinte lors de la plongée (même si ce n'est que quelques instants) arrondie à la valeur supérieure d'entrée dans la table.
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La vitesse de remontée indiquée par la table doit être respectée.
Pourquoi faut-il respecter les paliers de décompression?
Tout simplement pour éviter un accident grave, pouvant avoir des conséquences fatales!
Lorsqu'un plongeur respire un mélange de gaz sous pression, les constituants du gaz suivent des chemins différents:
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Le dioxygène (2 atomes d'oxygène liés): Il est consommé et transformé par l'organisme pour assurer la respiration; ce gaz disparaît donc du corps puisqu'il réagit.
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Les gaz inertes (le diazote -2 atomes d'azote liés- qui constitue 79% de l'air que l'on respire; ou l'hélium, utilisé pour les plongées profondes; ou encore le dihydrogène -2 atomes d'hydrogène liés-, utilisé pour les plongées très profondes): Ces gaz ne sont pas utilisés par l'organisme et s'accumulent lentement dans les tissus corporels et le sang, sous forme de "gaz dissous" (normalement ils ne sont pas visibles sous forme de bulles).
En revanche, en profondeur les gaz qui s'accumulent sous forme de gaz dissous vont rapidement former des bulles de gaz (dans les tissus, dans le sang) lorsque l'individu remonte rapidement à une pression moins grande. Ce sont ces bulles qui provoquent des accidents de plongée (ou les accidents provoqués par une décompression rapide).
Pour éviter la formation de ces bulles fatales, la décompression doit être effectuée lentement, afin de permettre aux gaz dissous d'être éliminés lentement des tissus et du sang.
Florian a donc commis les erreurs suivantes :
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il s’est laissé distraire par l’environnement sous-marin ;
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il n’a pas respecté les paliers de décompression/il est remonté trop rapidement ;
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l’intervalle de surface n’était pas assez long/il n’a pas respecté les règles concernant les plongées consécutives ;
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il n’a pas surveillé sa consommation d’air ;
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il n’a pas suivi son plan de plongée.
Il a eu de la chance que la chambre de décompression n’était pas loin et que l’équipe du bateau et les médecins ont tout de suite compris la gravité de sa situation.
C’est pourquoi certains organismes de certification de plongeurs limitent les amateurs à des plongées qui ne demandent pas de décompression (par exemple PADI) et recommandent de ne pas excéder 30 mètres. Ils préconisent toutefois de faire un arrêt de sécurité.
Par exemple, le temps limite d’une plongée sans décompression à 40 mètres est seulement de 5 minutes (pour la première plongée de la journée !), tandis qu’il est de 5h30 à 10 mètres !
Volume d'air en fonction de la pression
en m
Définitions
P absolue : pression atmosphérique + pression due à l'eau
P relative=pression hydrostatique : pression due à l'eau mesuré par rapport à la surface
Courbe de sécurité (plongées sans palier)
Légende :
P.I.=Pression Intermédiaire
H.P.=Haute Pression
P.A.=Pression Atmosphérique
MN=Marine Nationale
Légende:
surf(surface)=surface
number of incidents=nombre d'accidents
Maximum depth of dive involving an incident=profondeur maximales de plongée lors des accidents